quadrophenia.jpg Nous connaissons tous de plus ou moins loin, plus ou moins précisément, l'histoire des mods et des rockers, mis à l'honneur dans le film de Franc Roddam Quadrophenia, en 1979. Petit récapitulatif d'une page de l'histoire.

003.jpgLes années 60, l'Angleterre, l'affrontement du cuir contre la soie, de la Triumph contre la Vespa. En ces temps là, chez les jeunes anglais nés du Baby-Boom, deux mouvements se font face : les Mods et les Rockers.

C'est au courant de l'année 1964 que ces deux « sub-cultures » atteignent leur heure de gloire, avec la célèbre bagarre sur la plage de Brighton, au sud de l'Angleterre. A cette occasion, une jeune fille interrogée dans le Daily Mirror disait : « il faut être un mod ou un rocker pour être quelque chose ». Le 21 janvier 1964, le journal français La Liberté affichait à sa Une : « 6000 Mods et Rockers mettent le sac sur les plages du sud de l'Angleterre ». Les mods et les rockers traversent la Manche. Aujourd'hui, inutile de se battre dans le sable afin de déterminer ce qui est mieux, ou moins bien, même si l'on peut forcément se sentir plus attiré par le Perfecto en cuir que par la veste de costard Ben Sherman, et vice et versa : C'était quoi être un mod ou un rocker ?

Etre un mod ...

Mod70.jpg « Mods » est une abréviation de « modernists », signifiant une volonté de changement par rapport aux anciennes règles et coutumes de la société anglaise, incluant le Rock'n'Roll et les rockers, qui pour les mods étaient des personnages sans éducation, sales et puant l'huile de moteur.

Le courant mod apparaît en Angleterre au début des années 60, avec l'arrivée de courants musicaux, venus -comme le Rock'n'Roll- des Etats-Unis : Modern Jazz, R'n'B (Rythm and Blues), Soul ...

Très vite, les mods adhèrent aux rythmes explosifs de groupes célèbres comme The Small Faces, The Kinks, mais surtout The Who. Ce sont eux qui réalisent en 1973 (après Tommy) l'opéra rock Quadrophenia, donnant quelques années plus tard un film du même nom, portant sur la vie d'un jeune mod londonnien, Jimmy. Ce film, sorte de « revival » en 1979, révèle les occupations des mods du temps : le gin, la fête et la musique, allant avec la consommation d'amphétamines.

Les mods cultivent leur apparence, il faut être « smart », avec la coupe de cheveux qui va bien, mi-longs et soigneusement peignés. Ils portent des costumes et des chemises, le plus souvent réalisés sur mesure et achetés sur Carnaby Street. On reconnaît facilement leur manteau, la « Fishtail Parka », parka militaire, assez longue, sur laquelle est fièrement arborée la cocarde de la RAF. Toujours tournés vers la nouveauté, ils roulent en scooter italien, Vespa ou Lambretta. Ces scooters sont personalisés par l'ajout de multiples phares sur la calandre, avec pleins de chromes et de rétroviseurs, à s'en faire péter la rétine. Tout ça donne un ensemble assez lourd (certains diront « kitch » ?). C'est ça le style mod, pour s'affirmer du troupeau et montrer son originalité, jusqu'au bout des rétros.

... Ou un rocker

scorpions.jpgHéritiers des Teddy-boys des années 50, les rockers affichent un tout autre look : Perfecto, Jean et bottes en cuir. On les croise sur des motos de fabrication anglaise, durant une époque glorieuse pour l'industrie motocycliste britannique : Triumph, Norton, BSA, Velocette. Souvent exclus des pubs et autres dance halls, ils se rendent de « cafes » en « cafes » le plus vite possible, le tout sans (quasiment) perdre une goutte d'huile et en essayant de dépasser le « TON » (100 mph).

L'origine du cafe-racer n'est pas inscrite dans le Larousse, mais elle semble se trouver dans l'esprit de cette jeunesse rebelle, au tournant des années 60, alors que se construisent en Angleterre les premières autoroutes.

Dans le juke box du café du coin, ou dans celui du mythique Ace Cafe London, passent en boucle les standards du Rock'n'Roll des années 50 : Eddy Cochran, Gene Vincent, Elvis Presley ... Contrairement aux mods, les rockers restent accrochés à « Something else », et voient (dans une opposition logique) en ces nouveaux gens chics sur leurs scooters, une bande de snobinards efféminés.

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Bien plus qu'une mauvaise chanson de Michel Sardou (qui chantait à l'époque « Je suis un mod et toi un rocker »), les mods et les rockers apparaissent comme deux groupes aux identités bien tranchées, avec pourtant un point commun : sortir de l'ordinaire.

Texte par François